23 novembre 2007

oiseaux

- Imagine un oiseau perché sur une branche, dit-elle, une branche que le vent agite. Et chaque fois que la branche bouge, le champ de vision de l'oiseau change. Tu vois ?
Je hoche la tête.
- Comment crois-tu que l'oiseau ajuste sa vision ?
- Je ne sais pas.
- Il baisse et lève la tête en accord avec les mouvements de la branche. La prochaine fois qu'il y aura du vent, observe les oiseaux, tu verras. Moi, je les regarde souvent par la fenêtre. Ca doit être fatigant de vivre comme ça, non ? D'épouser le mouvement de la branche chaque fois que le vent l'agite ?
- Oui.
- Mais les oiseaux ont l'habitude. Ils font cela naturellement. Ils n'ont pas à réfléchir, ils le font, c'est tout. Pour eux, ce n'est pas aussi fatigant qu'on peut l'imaginer. Mais moi je suis un être humain et, parfois, cela me fatigue.
- Vous êtes perchée sur une branche, vous aussi, mademoiselle Saeki ?
- D'une certaine façon, oui, dit-elle. Et il arrive que le vent souffle très fort.

Kafka sur le rivage, Murakami.