31 août 2006

Tu t'endors les yeux ouverts Sur le plafond désert

(Ah ben d'accord, on s'en va un mois, et on voit l'résultat, hein... Un post qui copie-colle des paroles de chanson... Pshhh... Quel flemmard :))

Une chambre en bazar, c'est des pensées en vrac. Des bouts de soi qui ressurgissent dans tous les coins.

Une lettre relue, une photo oubliée, un livre corné.

Un objet qui évoque quelque chose de particulier, des cours laissés à l'abandon depuis quelques mois, un orgue qui n'a pas été ouvert depuis longtemps, une couette mal tirée sur le lit, un sac de voyage en plein milieu.

J'ai des morceaux d'Afrique un peu partout, le chapeau traditionnel devrait bientôt être accroché au mur, le waaré n'attend que quelqu'un pour y jouer, les perles de bois s'enferment dans un bocal en attendant de devenir bracelet. J'ai mis de la terre rouge dans une boîte de pellicule photo, j'ai une pile de tissu colorés sur la boîte blanche à rayures vertes.

La chambre connaît de nouveaux souvenirs, des morceaux émiettés d'un ailleurs un peu trop loin, la chaise roulante est un fauteuil d'avion, le lit un parterre de mini-bus (mais en plus confortable), l'orange des murs n'est rien d'autre que la poussière que soulève le pick-up quand il roule sur les pistes. La paroi du lit en bois devient un djembé, les volets une moustiquaire, la lumière du bureau le faisceau d'une lampe de poche.

La chambre connaît de nouveaux horizons, les murs s'écartent et s'étirent, la fenêtre donne sur la cour, et même si celle-ci ne connaît ni seaux entassés, ni boeuf et poules dans un coin, ni bassines d'eau, ni sable rouge, ni enfants qui courent dans tous les sens, je m'en fiche, c'est ma cour du Burkina, celle qui attrapait nos premiers pas au matin, la porte bleue qu'il fallait pousser pour y entrer, en vélo quand on était allé chercher le pain, ou à pied quand on revenait du centre.

Je regarde cette chambre avec un regard neuf, quelque chose de changé au fond des yeux, cette chambre a grandi en même temps que moi même si je n'étais pas là. Elle est en bazar d'un retour encore proche, elle ne va pas tarder à reprendre une forme correcte (si si), avec tous ces minuscules détails en plus, tous ces objets qui ont changé de visage, d'utilité, et je me prends à croire que dorénavant il me suffira de fermer les yeux pour voyager un peu. Peut-être même qu'allongée sur mon lit, je sentirai les secousses de la route quand on traversait le pays.