06 avril 2006

Et faudrait quand même pas qu'il oublie Qu'on a gravé Fraternité Sur le fronton de nos mairies

(c'était mardi)

Nos rires étaient un peu forcés, devant le tribunal administratif, et plus tard, on a appris qu'on était entre 18O et 200. Je ne réagis pas, j'ai l'impression que ça ne sera jamais assez ; que quand la préfecture décide d'une chose, elle va jusqu'au bout, même si. Même si bordel, cette famille n'a plus rien là-bas, même si la Yougoslavie n'existe même plus alors je ne vois pas comment on pourrait l'y reconduire. Et toutes les plaidoiries du monde n'y feront rien. Ils s'en foutent de savoir que les deux enfants parlent parfaitement français, qu'ils sont très bons élèves. Que le père est embauché, qu'il a une carte vitale, et qu'il a RECU SON AVIS D'IMPOSITION. Y'a pas quelque chose qui cloche, là, non ? Ils s'en foutent de savoir qu'ils sont là depuis quatre ans et demi, qu'ils ont tissé des liens très forts avec de nombreuses familles, qu'ils sont investis dans la vie du quartier, dans différentes associations. Que les gamins avaient deux et cinq ans quand ils sont arrivés, qu'ils n'ont rien connu d'autre ou presque que la France.

Et on vient nous répondre que ce n'est pas parce qu'il y a du monde dans la salle d'audience que ça prouve leur intégration.

Bah bien sûr. Et toi, quand t'es né, t'avais pas la cervelle intégrée, faut croire.

Et on vient nous répondre qu'il y a beaucoup de familles reconduites à la frontière, et qu'eux, ils ont la chance d'avoir du monde derrière eux, mais que ça crée une inégalité avec les personnes qui sont seules et qui n'ont personne pour les soutenir, et donc qu'on ne doit pas les avantager parce que ce serait commettre une injustice.

Sans déconner. Hého mais monsieur là, faut redescendre sur terre, hein, tu crois que les deux cent personnes derrière toi, elles sont venues parce qu'elles avaient deux heures à perdre dans leur après-midi ? parce qu'elles n'avaient jamais visité le tribunal administratif, et c'était le moment ou jamais ? parce que ça faisaient longtemps qu'elles ne s'étaient pas vues entre elles, et qu'elles pensaient qu'on pourrait se donner rendez-vous dans un lieu "original" par rapport à d'habitude ?

Et puis tes grands gestes, tes hochements de tête, tes mimiques. Tu fais le clown, mais désolée, ça fait rire personne.

Il y a une loi, il faut l'appliquer. Mais bordel ! La France n'est pas là pour accueillir toute la misère du monde. Lui, il a été embauché parce que son patron ne trouvait personne qui avait ses compétences. Alors, entre nous, les relations-unique, on sait bien que c'est pas votre fort, mais là ! Là, ils ont besoin d'ici, comme ici a besoin d'eux. Accueillir toute la misère du monde. On commence déjà par accueillir la vôtre, là, à tous, vous avec vos putains de lois, la vôtre, de misère, misère intellectuelle, et malheureusement, je crois qu'on n'a pas fini d'en bouffer.

Nos rires étaient forcés, mais on y croit encore. Et si ça, ce n'était que le début d'une bataille, désolée, mais vous devrez nous supporter jusqu'à la fin.

Edit 7 avril, 23h20 : on a gagné :)

1 na na na na

Blogger Phiphine a (aussi) son mot à dire :

C'est une belle bataille! Faut y croire! C'est quand plus personne n'y croit que c'est perdu...

Et pour citer aussi quelqu'un qui s'appelle Philippe Geluck et qui est belge (ça c'était pour rappeler que je suis née quelque part... :-):
"Si tous les cons étaient des sandwiches, on ne mourrait plus de faim"
(spéciale dédicace to le monsieur du tribunal)

7/4/06 00:20  

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